Louis VIII, qui succéda à Philippe Auguste, reprit encore aux Anglais quelques provinces. Mais il mourut trop jeune, laissant un fils qui avait à peine onze ans.
Ce fils devait être une des plus belles figures de l’histoire, non seulement un grand et bon roi, mais un saint. Car Louis IX est devenu Saint Louis.
Comme il était encore trop petit pour diriger les affaires, sa mère, Blanche de Castille, les conduisait à sa place. Pour la première fois, on vit une femme gouverner la France. Et Blanche de Castille s’y prit si bien, qu’on la cite en exemple.
Il y avait de méchants seigneurs qui, voyant régner une femme et un enfant, se dirent que le moment était venu d’en finir avec les Capétiens qui prétendaient les commander. Mais d’autres seigneurs fidèles et les bourgeois des bonnes villes aidèrent la régente à les punir. Et, quand Louis IX fut majeur, il trouva le royaume en ordre.
Ce qu’il aimait le plus, c’était la justice. Aussi était-il juste en tout et avec tous. Mais il n’était pas faible pour cela, car la vraie justice veut aussi que les méchants soient punis.
Comme il aimait la simplicité, saint Louis, qui résidait souvent dans son château de Vincennes, près de la forêt, avait coutume de s’asseoir sous un chêne. Là tous ceux qui avaient à se plaindre de quelqu’un venaient librement le trouver et lui raconter le tort qu’on leur avait fait. Le roi n’ordonnait pas aux plaideurs de se battre en combat singulier. Il décidait selon ce qui était le droit de chacun. Quant aux voleurs et aux assassins, il n’hésitait pas à les faire pendre.
Et depuis on s’est toujours rappelé qu’il n’y avait jamais eu de meilleure justice que celle qui était rendue par le bon roi sous son chêne.
Il fut avec les ennemis de la France comme il fut avec les Français. Car il voulait que le bon droit fût du côté du royaume de France. Aussi quand les Anglais l’attaquèrent, il leur fit sentir la vigueur de son poing et il les mit en déroute à Taillebourg. Mais, préférant l’amitié à la violence, il rendit deux provinces au roi d’Angleterre, à condition que celui-ci renonçât au reste et le reconnût comme son suzerain.
Cependant saint Louis, qui avait une piété fervente, avait appris avec douleur que Jérusalem n’était plus aux mains des chrétiens et que, de nouveau, le tombeau du Christ était retombé au pouvoir des infidèles. Aussi, ayant été très malade, fit-il vœu, s’il guérissait, d’aller délivrer la Terre Sainte.
Il partit, comme il l’avait promis, pour cette nouvelle croisade, avec mille huit cents vaisseaux qu’il conduisit en Egypte, dont le sultan était le plus grand ennemi des chrétiens.
Mais une fois les croisés débarqués en Egypte, ils furent attaqués à la fois par les mamelouks et par la peste. Malgré des prodiges de valeur, il fallut se rendre. Et voilà le bon roi, au lieu d’avoir délivré le Saint-Sépulcre, prisonnier du sultan des Egyptiens. Il supporta sa captivité avec tant de résignation, que les musulmans le respectèrent et le laissèrent partir après lui avoir fait payer une rançon.
Il était temps qu’il rentrât en France, car le peuple accusait les grands de le trahir et se soulevait pour aller le délivrer. Et les bergers eux-mêmes voulaient se joindre à cette croisade, qui fut dite pour cela croisade des pastoureaux. Le retour du roi calma ces pauvres gens. Mais on voit comme il était aimé.
Il resta encore quelques années en France, gouverna avec sagesse et faisant en sorte que tout le monde eût son dû et fût heureux. Pourtant il ne cessait de penser à la Terre Sainte et il entreprit une dernière croisade. Cette fois il voulut battre les infidèles à Tunis. A peine arrivé devant cette ville, il fut atteint de la peste. Sentant que sa dernière heure était venue, il voulut mourir sur un lit de cendres, comme s’il eût de grands péchés à expier.
Mais lui seul doutait qu’il dût aller tout droit au ciel. Et quelques années après sa mort, le pape mit Louis IX, roi de France au nombre des saints.