Mais le roi était encore faible lui-même.
Nous avons vu que son duché de France, dont Paris était la capitale, était un bien petit royaume et ne comptait pas beaucoup de grandes villes. Même chez lui, le roi n’était pas tout à fait le maître. Il y avait dans son propre domaine des seigneurs qui lui donnaient du tracas, et, quand il allait de Paris à Orléans, il n’était pas sûr que quelque brigand féodal ne l’attaquerait pas en chemin. Quant aux seigneurs qui étaient loin, ils lui rendaient hommage du bout des lèvres, mais ils se considéraient comme ses égaux. Quelques fois même ils le méprisaient, ayant plus de soldats et de richesses que lui.
Vous voyez donc que les Capétiens eurent de tout petits commencements. Ils eurent beaucoup de mal à faire de la France un seul pays et un grand royaume. Ils y arrivèrent avec le temps, parce qu’ils furent travailleurs, patients et justes.
Hugues Capet n’avait pas été reconnu comme roi par tout le monde. Ses successeurs, les premiers Capétiens, furent des princes modestes, qui faisaient très peu parler d’eux. Et l’on aurait bien étonné l’orgueilleux comte de Poitiers ou celui de Toulouse si on leur avait dit qu’un jour le duc de France serait le maître partout. Mais vous comprenez aussi combien les rois eurent de peine et combien il leur fallut de temps pour se faire obéir de tous ces grands seigneurs.
Le fils de Hugues Capet s’appelait Robert. Il était très pieux, et c’était un temps où il y avait une très grande piété. On approchait de l’an 1000, et quelques-uns imaginaient que ce devait être la fin du monde. Aussi priaient-ils dans l’attente du dernier jour. Mais l’an 1000 passa, le monde vivait encore. Par reconnaissance envers Dieu, on construisit beaucoup d’églises qui, dit-on alors, couvrirent la France comme d’une blanche parure.
Le bon roi Robert était si dévot, qu’on le comparait à un moine. Il ouvrait sa porte à tous les pauvres. Certains, parfois, se glissaient sous sa table pendant qu’il dînait, et il leur passait les meilleurs morceaux. Un jour, l’un deux osa couper un ornement d’or qui pendait à la robe du roi. La reine s’en aperçut et voulut le faire punir. Mais Robert dit : « Il en avait sans doute plus grand besoin que moi. » Un autre ayant recommencé, le roi se contenta de lui dire : « Ne prends pas tout. Il faut qu’il en reste pour tes camarades. »
Les rois de France ne seront pas toujours aussi naïfs. Mais ils seront toujours les défenseurs des humbles qui compteront sur eux. C’est pourquoi les Capétiens choisirent pour emblème trois petites fleurs de lis, tandis que les rois et les empereurs des autres pays mettaient dans leurs armes et sur leurs drapeaux des images d’animaux carnassiers, des aigles, des lions, des licornes et des léopards.
Le fils de Robert s’appelait Henri Ier. Il prit pour femme une Russe, qui descendait de Philippe de Macédoine, le père du fameux Alexandre le Grand, conquérant de l’Asie. La reine Anne donna à son fils le nom de Philippe, que, depuis, plusieurs de nos rois ont porté.
Et c’est justement sous Philippe Ier que les Français s’en allèrent en Asie pour délivrer la Terre Sainte et reconquérir le tombeau du Christ à Jérusalem.