Le roi qui vint ensuite s’appelait François Ier. Il était beau, brave, noble de manières, le roi des gentilshommes et un gentilhomme roi. Il avait l’amour de la gloire et de la grandeur, tet il voulait que la France fût la première en tout, à la guerre comme dans les arts.
Comme nos affaires allaient mal en Italie, il voulut tout de suite frapper un grand coup. Il réunit une belle armée où brillait la fleur de chevalerie française avec Bayard, l’illustre chevalier sans peur et sans reproche. On passa hardiment les montagnes, par des chemins presque inaccessibles, et l’on allait tomber à l’improviste sur la Lombardie, lorsque les Suisses barrèrent le passage.
Les Suisses, qui avaient vaincu Charles le Téméraire, étaient de terribles soldats. On se battit avec eux tout un jour. Quand la nuit vint, on ne savait pas encore à qui serait la victoire. Tout le monde coucha sur le champ de bataille, et le roi lui-même dormit sur l’affut d’un canon. La lutte reprit au lever du soleil. Les Suisses se replièrent. La bataille de Marignan était gagnée, et François Ier se fit armer chevalier par Bayard. Après cela, il fit la paix avec les suisses, et jamais, depuis, nous n’avons plus été en guerre avec eux.
Il advint peu après que l’empereur d’Allemagne mourut. Et les empereurs d’Allemagne ne se succédaient pas de père en fils, comme les rois de France. Ils étaient élus comme aujourd’hui de simples députés. Le vainqueur de Marignan fut candidat, espérant enlever la couronne impériale à un prince qu’il avait des raisons de redouter, car ce Charles-Quint était le petit fils de Charles le Téméraire, et il avait déjà beaucoup trop de royaumes en Europe, sans compter l’Amérique que Christophe Colomb venait de découvrir.
Cependant Charles-Quint fut élu et devint empereur. Et il fut un ennemi redoutable pour la France. Il faudra le combattre pendant de longues années.
François Ier vit le danger. Il s’inquiéta tout de suite de savoir si le roi d’Angleterre Henri VIII n’allait pas s’allier contre lui avec Charles-Quint. Pour devenir son ami, il lui donna une grande fête au camp du Drap d’Or, ainsi nommé tant les belles étoffes, les riches cavalcades et les festins furent à profusion. Mais Henri VIII fut jaloux que François Ier se montrât plus magnifique et plus généreux que lui, et il se tourna du côté de Charles-Quint.
Alors commença une des plus terribles attaques que la France eût subies depuis longtemps. Au nord, au sud, il fallu faire front de tous les côtés. Le chevalier Bayard fit des prodigues de valeur ; mais il fut frappé à mort dans un combat et voulut rendre le dernier soupir le visage tourné vers l’ennemi.
Quant à François Ier, il payait de sa personne. Les soldats de Charles-Quint, les impériaux, ayant envahi la Provence, il marcha contre eux, les repoussa et les poursuivit jusqu’en Italie. Là, une grande bataille s’engagea à Pavie, et nous fut d’abord favorable. Mais François Ier crut la victoire trop vite gagnée. Il s’élança en avant avec tant d’impétuosité, que nos canons durent se taire, de peur de l’atteindre. Bientôt, isolé au milieu de la mêlée, ses meilleurs chevaliers étant tombés autour de lui, il du se rendre. Le soir du désastre de Pavie, il écrivit à sa mère : « Tout est perdu, fors l’honneur. »
Comme autrefois Jean le Bon, le roi de France était prisonnier. Charles-Quint le garda longtemps et ne le relâcha que contre la promesse de lui donner la bourgogne. Mais les Bourguignons voulurent rester Français, et une assemblée déclara que cette promesse, arrachée par la force, était nulle, car, du reste, aucune province du royaume ne pouvait être cédée à un souverain étranger.
François Ier, à qui la leçon avait servi, ne pensa plus qu’à mettre la France à l’abri d’un ennemi aussi redoutable. Il se garda de provoquer Charles-Quint. Il le reçu même très aimablement et lui donna des fêtes aussi belles qu’au camp du Drap d’Or. Mais, en secret, il lui suscitait des ennemis et lui créait des embarras. Pour protéger son pays, il ne craignit pas de s’allier aux Turcs infidèles et aux princes protestants d’Allemagne. Car le protestantisme, ou, comme on disait, la Réforme, qui allait faire couler tant de sang en France, avait déjà gagné une partie des Allemands.
Grâce à ces alliances, la France put résister à de nouvelles attaques de Charles-Quint. Malgré tous leurs efforts, les Impériaux ne purent jamais arriver jusqu’à Paris. Charles-Quint, découragé, signa la paix. Lorsque le roi gentilhomme mourut, il put se dire qu’il laissait la France intacte, et que, malgré sa puissance, l’empereur allemand n’avait pu en venir à bout.