Petite histoire de France de Jacques Bainville - Clovis

 

 

Clovis et Clotilde

 

 

 

Les Francs, qui venaient de s’allier aux Gallo-Romains pour chasser Attila et ses horribles diables noirs, étaient aussi des Barbares, mais beaucoup moins méchants que les autres.

Evariste Vital Luminais - MérovéeIls habitaient la Belgique, et, à force de vivre près de la Gaule romaine, l’envie leur vint de s’y installer tout à fait. C’étaient des guerriers très braves. Ils avaient un roi qui était toujours pris dans la même famille, celle des Mérovée, d’où le nom de Mérovingiens qui fut donné à ses successeurs. Le petit-fils de Mérovée s’appelait Clovis, et c’est lui qui fonda le premier royaume de France.

Les Francs étaient encore païens. Ils adoraient le dieu Odin et ils croyaient qu’après la mort le bon guerrier allait dans un endroit de délices appelé Walhalla, où il passait l’éternité à se battre et à faire de bons repas. Mais Clovis avait déjà de l’amitié pour les chrétiens, et c’est ainsi qu’il put devenir roi de la Gaule après avoir été celui d’un tout petit canton.

Une fois qu’il s’était avancé jusqu’à Soissons, et comme ses Francs avaient beaucoup pillé, saint Rémi évêque de Reims, lui réclama un vase précieux enlevé d’une église.

Clovis voulut lui faire plaisir. Et l’usage des Francs étant que le butin fût mis en commun et tiré au sort, Clovis demanda à ses soldats de lui donner le vase pour sa part. Tous y consentirent, sauf un, qui brisa le vase d’un coup de hache en disant à Clovis « Tu n’auras pas plus que les autres, mais seulement ce que le sort t’accordera. » Car les Francs prétendaient qu’ils étaient tous égaux entre eux et qu’ils n’obéissaient que librement.

Enluminure représentant la vengeance de Clovis - Grandes chroniques de France de Charles V - BNFClovis ne dit rien, mais il n’oublia pas l’affront qu’il avait reçu. L’an d’après en passant une revue, il reconnut le soldat qui avait cassé le vase.

« Personne n’a des armes aussi mal tenues que les tiennes » , lui dit-il.

En même temps il lui arracha ses armes et lui jeta à terre. Et comme le soldat se baissait pour les ramasser, Clovis lui fendit la tête d’un coup de sa francisque, l’arme préférée des Francs, en s’écriant :

« Souviens toi du vase de Soissons ! »

Et, après cet exemple, nul n’osa plus lui désobéir.

Cependant Clovis avait épousé une princesse qui était chrétienne et s’appelait Clotilde, aussi fut-il bien accueilli des Gallo-Romains. Amiens,Beauvais, Rouen et enfin Paris lui ouvrirent leurs portes. Et bientôt il rendit un grand service en repoussant une invasion des Alamans. C’est à cette occasion que lui-même se fit chrétien. Comme il livrait une grande bataille aux Germains, dans un lieu appelé Tolbiac, il vit un moment ses soldats reculer, et, regardant le ciel, il prononça ces mots :

« Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire je me ferai chrétien ! »

Courbe la tête fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré - Baptême de Clovis par saint Rémi - Basilique saint Rémi - ReimsIl fut exaucé. Les Alamans furent mis en fuite. Clovis tient parole, et, avec trois mille de ses compagnons, il reçut le baptême des mains de saint Rémi. On vit ce farouche guerrier s’agenouiller devant l’évêque, qui lui dit :

« Courbe le tête fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. »

Ensuite il fut sacré roi avec  l’huile bénite de la sainte ampoule de Reims, qui, depuis, a été mise, le jour du sacre, sur le front de tous les rois de France. Clovis en fut le premier, et c’est de la nation des Francs que notre pays prit alors son nom.

Devenu catholique, Clovis eut si bonne réputation, que toute la France (c’est ainsi qu’elle s’appellera désormais) voulut l’avoir pour roi. En peu de temps, il fut le seul maître, depuis le Rhin jusqu’aux Pyrénées. Et il choisit pour capitale Paris.

Si Clovis était obéi en France, il ne l’était pas encore de tous les Francs qui habitaient la Belgique et dont chaque tribu avait son roi. Il détrôna un à un ces petits princes et réunit leurs domaines au sien.

Plus tard, on a raconté qu’il les avait fait périr et même qu’il en avait, de sa propre main tué plusieurs. On dit qu’il conseilla à Chlodéric, fils de Sigebert, roi de Cologne, d’assassiner son père et de s’emparer de ses trésors. Chlodéric l’ayant écouté, Clovis lui envoya des messagers qui lui demandèrent de lui montrer le coffre où Sigebert cachait ses pièces d’or. Et Chlodéric ayant ouvert le coffre, ils lui dirent :

« Plonge ta main jusqu’au fond pour voir combien il y en a. »

Et, comme il se penchait sur les pièces d’or, ils lui fracassèrent la tête. Clovis dit alors que Chlodéric avait été justement puni d’avoir tué et volé son père.

Il n’est pas certain que cette histoire, ni toutes les autres qu’on raconte de Clovis, soit vraie. Mais s’il fut un grand roi, et très intelligent, il était tout de même resté un peu barbare.

 

 

 

Clovis

 

 

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Source de la BNF