Dans la suite, les Gaulois tentèrent plusieurs fois de se révolter, mais ce fut inutilement. Un certain Sabinus voulut recommencer ce qu’avait fait Vercingétorix. Il ne fut pas plus heureux. Son armée ayant été mise en déroute, il vécut neuf ans caché dans un souterrain avec sa femme Eponie et ses enfants. Les Romains, l’ayant découvert, le condamnèrent à mort, et Eponie demanda à être exécutée avec lui.
Alors les Gaulois comprirent qu’il ne servirait à rien de résister davantage. Leur pays était devenu une colonie romaine où l’on n'était pas malheureux. Les vainqueurs leur avaient appris toutes de choses qu’ils ne connaissaient pas, par exemple à construire de belles maisons de pierre au lieu de cabanes en bois. Et la Gaule commença à se couvrir de monuments presque aussi beaux que ceux de Rome et dont quelques-uns existent encore aujourd’hui.
En même temps, les Gaulois oublièrent leur langue pour parler celle des vainqueurs, le latin, d’où est sorti le français que nous parlons aujourd’hui. Et, au bout de quelques années, ils furent si bien habitués à Rome, qu’on les appela les Gallo-Romains.
Ils avaient abandonné leurs druides et l’usage cruel des sacrifices humains. Ils adoraient les mêmes dieux que les Romains et les Grecs. Mais, quand le christianisme parut, beaucoup reconnurent tout de suite que c’était la vraie religion et l’embrassèrent avec ardeur. Il y eut parmi eux des saints et des martyrs. A Lyon, sainte Blandine, une humble servante émerveilla tout le monde par son courage et sa foi. Elle fut livrée dans le cirque à un taureau furieux qui la jeta en l’air avec ses cornes jusqu’à ce qu’elle mourût, sans jamais avoir renié son Christ. Ces exemples émurent les Gallo-Romains qui, peu à peu, se firent tous baptiser.
Cependant, derrière le Rhin, il y avait toujours ces insupportables Alamans ou Allemands, qui rêvaient d’entrer dans cette Gaule où il y avait tant de richesses et où l’on vivait dans l’abondance. Derrière ces Germains s’agitait une foule de peuplades, Goths, Wisigoths, Austrogoths, Vandales, Huns, d’autres encore, qui n’étaient pas moins avides de bonnes terres, de pillages et de butin.
Tout alla bien tant que Rome fut forte. Elle avait élevé sur les frontières de la Gaule une grande muraille, avec des tours de place en place, pour surveiller les Barbares et pour les empêcher d’entrer. Mais un jour vint où la surveillance se relâcha et où l’Empire romain, attaqué de tous les côtés n’eut plus assez de soldats pour défendre le passage du Rhin.
Les invasions commencèrent. Plusieurs fois, les Barbares ayant pénétré jusqu’au cœur de la Gaule, dévastant tout sur leur passage, furent reconduits l’épée dans les reins. Mais, à la fin, la digue creva partout. L’Empire romain, débordé, succomba.
Alors une nuée de Barbares s’abattit sur notre pays. Il en venait de tous les côtés et de toutes les races. Incapables de résister, les Gallo-Romains s’enfermèrent dans les villes. Et comme personne ne gouvernait plus, comme il n’y avait plus de chefs, ils se groupaient autour de leurs évêques, qui s’efforçaient de les protéger. Ce fut une époque sombre et désolée où personne n’était sûr de retrouver sa maison ni de garder la vie sauve.
De ces invasions, la plus terrible fut celle des Huns, qui venaient du fond de l’Asie montés sur leurs petits chevaux. Avec leur peau noire et leurs grandes oreilles, ils ressemblaient à des diables ou à des ogres. Ils ne faisaient même pas cuire leur viande et la mangeaient crue après l’avoir écrasée sous leur selle. On appelait Attila, leur roi, le « fléau de Dieu ». Et l’on disait que l’herbe ne poussait plus où il avait passé.
Cette fois, au lieu de se laisser aller à l’épouvante, les Gallo-Romains eurent l’énergie du désespoir. Ils mirent à leur tête un bon général, Aétius. Et ils furent aidés par d’autres Barbares, des Francs, qui, meilleurs et plus civilisés que les autres, étaient devenus leurs amis. Il y eut une immense bataille aux Champs catalauniques, en Champagne. Cent soixante mille hommes y périrent. Enfin Atilla fut vaincu et il s’enfuit avec ce qu’il lui restait de ses Huns, au galop de leurs petits chevaux.
Ils avaient brûlé, eux aussi, beaucoup de maisons et laissé beaucoup de ruines. Mais Paris avait été épargné. Une pieuse femme, sainte Geneviève, avait veillé sur la ville et passé de longs jours en prières pour que les Parisiens ne fussent pas massacrés. C’est pourquoi sainte Geneviève est devenue la patronne de Paris. Et, depuis ce temps, sa fête est célébrée chaque année.